Lever le Voile sur les Troubles du Comportement Alimentaire
Contemporary Muslim Fashions, San Francisco’s de Young museum, septembre 2018. Publié par le Wisconsin Muslim Journal 2018
Les Troubles du Comportement Alimentaire: Une maladie Occidentale ?
Les troubles du comportement alimentaire ont été jusqu’à alors essentiellement perçus comme "maladies propres à la culture occidentale", isolées et ne pouvant donc affecter en aucune sorte les sociétés « non occidentales », qui en étaient ainsi en quelque sorte « protégées »[1]. L'image stéréotypée de la patiente anorexique, généralement une jeune femme caucasienne d'Europe du Nord, issue d'un milieu instruit et aisé, a renforcé cette perception [2]. Cette association n'est pas fortuite : les premiers cas d'anorexie ont été observés dès le 12ème et 13ème siècle, avec le cas célèbre de Sainte Catherine de Sienne qui se laissa mourir de faim dans un acte de dévotion spirituel [3]. Des cas d'anorexie ont été par la suite diagnostiqués en 1689 en Angleterre par le médecin britannique Richard Morton, qui qualifia dès lors l’anorexie comme « état pathologique » et de « consommation nerveuse »[4]. Plus tard, en 1903, le psychologue français Pierre Janet nota pour la première fois des comportements boulimiques chez ses patients, avant que le psychiatre américain Albert Stunkard décrive, dès 1959, des cas d'hyperphagie boulimique (BED) parmi ses patients [5]. Depuis lors, la plupart des recherches et diagnostics des troubles alimentaires se sont principalement concentrés au sein des sociétés anglo-saxonnes et européennes, perpétuant la croyance que ces troubles sont l’apanage des cultures occidentales [6].
Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer l’absence apparente de troubles de l'alimentation au sein du monde arabe et musulman, où aucun cas n'a été documenté avant 1986[7]. Traditionnellement, les cultures arabes et musulmanes ont été associées à des standards de beauté valorisant des corps aux courbes généreuses et arrondies comme symboles de fertilité, d'abondance et de santé[8]. Les structures familiales et collectives portant soutien et protection[9], étaient censées cultiver et perpétuer ces standards de beauté, prévenant ainsi que des idéaux esthétiques étrangers ne s’infiltrent au sein de la communauté.
Cependant, l’essor de la croissance économique, l'urbanisation, les réseaux sociaux et les changements socioculturels dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA) se sont aussi accompagnés à l’augmentation des cas liés aux troubles de l'alimentation. Les recherches confirment en effet une augmentation significative des troubles du comportement alimentaire dans la région MENA entre 1990 et 2019, la prévalence [10] de l'anorexie passant de 37,9 % à 49,3 % et le taux d'incidence %[11] de 10,1 % à 16% [12]. Les taux de prévalence les plus élevés ont été observés parmi les hommes âgés de 15 à 19 ans et chez les femmes âgées de 25 à 49 ans, les femmes étant généralement plus touchées indépendamment des tranches d'âge[13].
Figure 1: Nombre de cas prévalents et taux de prévalence (a), nombre d'incidents et taux d'incidence (b) d'anorexie pour chaque 100, 000 habitants dans la region MENA en fonction de l'âge et du sexe en 2019. Les tirets et lignes en pointillés indiquent respectivement les intervalles inférieurs et supérieurs à 95% d'incertitude. [14]
MENA : Que se passe-t-il ?
Des cas liés aux troubles du comportement alimentaire ont été désormais diagnostiqués dans la plupart des régions du monde [15], surtout celles sujettes à de rapides et brusques transformations culturelles, souvent accompagnées d’une adoption de nouvelles valeurs et normes occidentales[16]. La région MENA a été particulièrement affectée par ce type de transformation depuis le boom pétrolier des années 1970[17]. Ce boom a exposé les populations locales à la culture occidentale grâce à l'afflux d'entreprises occidentales et d'expatriés[18], qui ont apporté de nouvelles langues, de nouveaux modes de vie emprunts de nouvelles valeurs et idéaux[19]. Plusieurs facteurs ont pu contribuer à cette augmentation de troubles alimentaires au sein des communautés arabes et musulmanes :
Abondance [20]: Plus les sociétés s'enrichissent et gagnent en pouvoir d’achat, plus elles peuvent se détacher de leurs besoins « primaires» afin d’accorder plus d'importance à de nouveaux besoins « secondaires », parmi eux ceux liés à l’appartenance et reconnaissance - besoins souvent attachés au statut socio-économique et l’apparence physique. Le statut socio-économique (SSE) a été en effet considéré depuis longtemps comme un facteur de risque pour les troubles de l'alimentation, les femmes de statut socio-économique élevé étant plus susceptibles d’investir dans leur capital « beauté » en dédiant temps et argent à explorer de nouveaux régimes et entraînements dans l’espoir d’atteindre les normes esthétiques du moment (souvent synonymes de « mince » et « musclé ». [21]. Tandis que les idéaux de minceur ont été tout au long du 20ème et 21ème siècles majoritairement accentués parmi les classes socio-économiques supérieures[22], il est plausible que les sociétés de la région MENA, à mesure qu'elles deviennent plus aisées et adoptent des standards de beauté où minceur et tonification sont reines, soient à leur tour plus exposées aux troubles alimentaires. L’infiltration des smartphones et des réseaux sociaux a d’autant plus répandu ces standards à tous les niveaux de notre société [23], nous présentant un constant manège de corps retouchés et fictifs, souvent premiers déclencheurs de pathologies alimentaires, indépendamment de notre classe socio-économique.
Obésité : L'industrialisation et la mondialisation ont transformé nos régimes alimentaires traditionnels en facilitant l'accès à une abondance de produits alimentaires industriels et hypercaloriques, à de nouvelles demandes du marché du travail et de la routine quotidienne – changements qui ont souvent conduit à la fois à une augmentation du stress et de la vie sédentaire. Cette abondance de nouveaux aliments hypercaloriques et ultra-transformés a entraîné une augmentation des taux d'obésité[24] et de l'insatisfaction corporelle[25], deux facteurs de risque importants pour l'apparition de symptômes de troubles du comportement alimentaire tels que les tendances boulimiques, crises d’hyperphagie et d’autres conduites compensatoires comme l’adoption de régimes draconiens [26].
Figure 2: Taux d'obésité pour la population adulte âgée de 20 ans et plus (âge ≥20 ans) en 1990 et 2022. [27]
Médias et assimilation culturelle: Les médias, et en particulier les médias sociaux, jouent un rôle crucial dans la définition des normes de beauté et la perception de notre image corporelle[28]. De nombreuses recherches ont en effet démontré que, dans la plupart des cas, l'utilisation croissante des médias sociaux s’accompagne d’une augmentation des symptômes de troubles alimentaires, d’une plus grande insatisfaction corporelle et à une baisse d'estime de soi [29]. Dans la plupart des cas les médias sociaux favorisent en effet un cycle de comparaison et compétition d’images constante (où l’on perd souvent), contribuant ainsi souvent à un comportement d’auto-déni - parfois même voir d'autodestruction - et à une perception de soi négative[30]. Enfants et adolescents, souvent à la recherche d’appartenance et de reconnaissance, sont particulièrement vulnérables aux idéaux esthétiques véhiculés parmi leurs réseaux [31].
Que cache le Voile ?
Bien que souvent négligées, des études ont révélé une augmentation significative des symptômes des troubles de l'alimentation dans la région MENA, notamment :
Adoption de régimes et diètes minceur: Environ 40 % des adolescents et adultes suit un régime indépendamment du sexe [32] [33].
L'insatisfaction corporelle: Les femmes sont en général plus vulnérables à l'insatisfaction corporelle que les hommes[34] [35], un Indice de Masse Corporelle (IMC) plus élevé étant souvent associé à une plus grande insatisfaction[36] [37] .
Comportement restrictif: Environ un tiers de femmes suivent un régime alimentaire restreint, au sein duquel certains aliments sont « interdits» tandis que d’autres sont « autorisés» [38].
Comportement compensatoire: Environ 7,5 % des adolescents avouent prendre des laxatifs[39].
Faisons face à nos Défis ...
Plusieurs facteurs rendent encore difficile le traitement des troubles du comportement alimentaire dans notre région:
Méconnaissance et manque de conscience: Considérés comme une maladie « exclusivement occidentales", les troubles de l'alimentation font l'objet d'un manque de sensibilisation et d'éducation dans la plupart des cultures arabes et musulmanes[40]. L'absence de campagne de sensibilisation, de formation, et de réseaux de soutien pour les personnes souffrant de ces troubles et pour leurs familles, a maintenu l'ignorance à propos de ces maladies mortelles[41].
Silence et honte: Face au tabou associé aux troubles de la santé mentale, surtout lorsque ceux-ci sont partagés en dehors du cercle familial, de nombreux individus préfèrent rester en silence malgré leur souffrance, renonçant ainsi souvent à demander de l’aide (ou même avouer qu’ils ont besoin d’aide) alors même que les symptômes s’aggravent [42]. Seuls 0,3 % de la population souffrant d’un trouble du comportement alimentaire demande de l'aide dans la région MENA. Dans les pays occidentaux, ce chiffre s’élève à 20 % [43].
Manque de diagnostics appropriés: Des outils d'évaluation et expertise inappropriés et inadaptés au contexte local ont contribué à la sous-estimation de la gravité des symptômes[44], à des taux élevés de troubles alimentaires non diagnostiqués, ainsi qu’à un manque de sensibilisation et de connaissance vis-à-vis des symptômes et conséquences des troubles alimentaires parmi le public [45].
Absence de traitement: Le manque de thérapeutes spécialisés et de centres spécialisés entrave la prise en charge et traitement nécessaires afin de traiter adéquatement les troubles du comportement alimentaire dans la région [46][47].
...et avançons ensemble
Sensibilisation: Sensibiliser le public dès le plus jeune âge est nécessaire pour la prévention et la conscientisation des risques et conséquences associés aux troubles de l'alimentation tout en réduisant la stigmatisation liée à ce type de troubles [48]. Formations et ateliers de prise de conscience peuvent être offerts aux professeurs, cliniciens et travailleurs sociaux afin qu’ils puissent mieux accompagner leurs élèves et patients, tandis que des programmes de prévention peuvent être mis en place pour les familles et soignants en charge de personnes affectées par ces troubles [49]. De nombreuses recherches ont mis en lumière l’effectivité de programmes de prévention sélectifs par rapport à des programmes de prévention généralistes pour les populations cibles [50] [51] [52].
Les médias sociaux: En partageant leur expérience personnelle, de nombreux influenceurs peuvent aussi réussir à réduire la stigmatisation associée aux troubles alimentaires, particulièrement parmi les jeunes, particulièrement friands et sensibles aux médias sociaux[53].
Centres de traitement et réseaux de soutien: Il est essentiel de développer des associations et des centres de traitement spécialisés afin de soutenir et subvenir aux besoins des personnes à risque ou confrontées à des troubles du comportement alimentaire. Etudier des cas de succès tels que Anorexia Nervosa and Associated Disorders, National Eating Disorders Association, National Alliance for Eating Disorders aux États-Unis, BEAT au Royaume-Uni ou Butterfly en Australie, constitue une première étape fondamentale afin de mettre en place un véritable réseau de soutien dans la région. Les efforts d’associations dédiées aux troubles de l'alimentation dans la région, telles que la Middle East Eating Disorders Association, la Muslim Youth Helpline et Naseeha, sont des modèles d’inspiration à suivre.
Sensibilité au contexte culturel: Résoudre un problème local en se contentant de copier, de transférer et d'appliquer des solutions occidentales est très probablement voué à l'échec. La formation et sensibilisation aux particularités du contexte culturel local sont essentielles pour mieux comprendre comment se manifestent les troubles alimentaires au sein de ce milieu. Une étape nécessaire afin de mieux adapter et développer de nouvelles méthodes d'évaluation et des traitements plus appropriés aux besoins des populations locales [54][55]. Les études de validation clinique doivent être par ailleurs complétées par des données issues d'entretiens afin de bien comprendre les spécificités des troubles de l'alimentation dans la région. Les traditions et mœurs propres aux communautés musulmanes et arabes peuvent particulièrement affecter la façon dont les troubles alimentaires se manifestent et se renforcent :
Le jeûne respecté durant le mois de Ramadan peut constituer une période de déclenchement de symptômes propres aux troubles alimentaires parmi les personnes plus à risque[56].Ce moment délicat peut ainsi requérir une attention particulière au développement potentiel de symptômes, notamment parmi ceux et celles généralement plus sensibles et soucieuses de leur image corporelle.
Le port de la djellaba ou autres vestimentaire large couvrant le corps féminin, perçu comme un acte de pudicité et de protection [57], peut cependant aussi être utilisé comme excuse parmi certaines femmes souhaitant cacher des corps qu'elles jugent trop gros ou honteux tout en gardant le silence sur leurs troubles.
Reconnaitre et assumer la prévalence croissante des troubles du comportement alimentaire au sein des communautés arabes et musulmanes constitue donc une première étape essentielle afin de prendre des mesures proactives pour relever les défis uniques auxquels nous nous confrontons dans notre pays et région. Nous devons cependant joindre nos forces et volonté afin de prévenir ces troubles de se propager et s’enraciner davantage parmi nos communautés. Nous ne pouvons plus permettre qu’une personne souffre en silence, dans la honte et la peur d’être stigmatisée alors même qu’elle expérimente une profonde douleur psychique et adopte des comportements qui peuvent finir par compromettre sa propre santé et vie.
Mais nous devons tout d'abord lever le voile de la honte et en PARLER.
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[10] Prevalence: Nombre de cas d'une maladie dans une population à un moment donné, englobant aussi bien les cas nouveaux que les cas anciens.
[11] Taux d’incidence: L'incidence d'une maladie est le nombre de nouveaux cas de cette maladie observés sur une période donnée.
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